Le Pen Club France s’émeut des poursuites engagées à Lomé contre trois journalistes au lendemain d’un débat en ligne, dans le cadre de l’émission « L’Autre Journal », auquel ils participaient et qui s’est tenu le 30 novembre sur la Chaîne You Tube (15 000 abonnés) du bihebdomadaire L’Alternative.
Au cours de ces échanges, les journalistes concernés, à savoir M. Ferdinand Ayité, directeur de L’Alternative, monsieur Joël Egah, directeur de Fraternité (un hebdomadaire) et monsieur Isidore Kouwonou, rédacteur en chef de L’Alternative, ont notamment discuté de la décision gouvernementale de demander le « passe vaccinal » à l’entrée des églises et ils se demandaient pourquoi le ministre de la Justice, M. Pius Agbetomey, et le ministre du Commerce, M. Kodjo Adédzé, qui sont par ailleurs pasteurs ne s’étaient pas opposés à cette mesure.
Le 9 décembre, des agents de la police nationale ont arrêté M. F. Ayité, lequel avait répondu à une convocation à comparaître à la Brigade d’Investigations et de Recherches (BIR). Il a été placé sous mandat de dépôt.
Le 10 décembre, la police a convoqué M. J. Egah et M. I. Kouwonou. Ce jour-là, Egah a été arrêté et incarcéré (placé sous mandat de dépôt), tandis que Kouwonou a été mis sous contrôle judiciaire.
Ayité et Egah sont poursuivis pour « outrage aux autorités » et « propagation de mensonges », et Kouwonou est accusé de complicité.
Si l’on en croit le procureur, M. Mawama Talaka, qui s’est exprimé à la télévision togolaise, il s’est autosaisi, à la suite de la plainte des ministres à l’encontre des journalistes. Or ni le procureur ni le Juge d’instruction n’ont été en mesure de faire état d’une plainte écrite émanant des ministres concernés.
Pour le conseil des trois journalistes, Maître Elom Kpade, d’une part les délits de presse sont « dépénalisés » au Togo, ce qui implique qu’Ayité n’aurait pas dû le 9 décembre être arrêté ni détenu, ni Egah et Kouwounou inquiétés à compter du 10 décembre ; et d’autre part leur convocation et leur arrestation ont eu lieu sans aucune documentation de la plainte, ce qui, selon l’avocat, relève d’un abus de pouvoir : « On ne peut pas être arrêté sur la simple base d’un appel téléphonique », a-t-il déclaré, en soulignant que si griefs il y a contre ses clients, ils doivent être énoncés en fonction du Code de la presse et non du Code pénal.
Il est à noter que la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a suspendu L’Alternative à deux reprises en moins de deux ans (en février 2021 et en avril 2020 – à cette époque, outre L’Alternative, avaient été suspendus Fraternité et un troisième journal, Liberté). Enfin, il semble que le numéro de téléphone d’Ayité soit apparu sur une liste du projet Pegasus relative aux personnes devant faire l’objet d’écoutes.
Le Pen Club France demande la libération immédiate de Ferdinand Ayité et de Joël Egah, la fin du contrôle judiciaire d’Isidore Kouwonou et l’abandon des poursuites dont sont l’objet ces trois journalistes.