Que se passe-t-il ?
Il y a un an, notre collègue et chère amie Victoria Amelina trépassait des suites des blessures subies lors d’une attaque de missiles russes sur Kramatorsk. Son dernier livre, War & Justice Diary : Looking at Women Looking at War sera publié au printemps 2025 par Macmillan Publishers St. Martin’s Press.
- En date 25 mai, la Russie avait détruit ou endommagé au moins 1080 sites du patrimoine culturel en Ukraine au cours de la guerre. Les régions qui ont le plus souffert sont Kharkiv, Kherson, Donetsk et Odessa. Ces informations restent incomplètes, car on ne connaît pas les pertes subies dans les zones temporairement occupées.
- Le 26 juin, on a appris que des archéologues et des promoteurs russes avaient détruit un monument d’importance mondiale en Crimée, Tauric Chersonese. Ils ont construit un nouveau théâtre en plein air sur le site des fouilles, et certains objets archéologiques ont été transférés dans des musées russes.
- Le 26 juin, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté trois résolutions relatives à l’Ukraine: sur les aspects juridiques de l’agression russe, le rôle des sanctions et la lutte contre l’éradication de l’identité culturelle. Le troisième document, adopté par l’APCE, est consacré à la lutte contre l’éradication de l’identité culturelle pendant la guerre et en temps de paix et souligne le génocide commis par la Russie dans le but de détruire l’identité culturelle ukrainienne.
- En raison des attaques constantes de la Russie contre l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, des pannes d’électricité continuent de se produire dans le pays.
- La Russie continue de bombarder massivement la ville de Kharkiv et l’oblast de Kharkiv avec des missiles, des drones et des bombes aériennes guidées. Le 22 juin, les Russes ont frappé un immeuble résidentiel à Kharkiv, tuant trois personnes et en blessant cinquante-six. Les attaques brutales dans l’oblast de Donetsk se poursuivent : les tirs ne cessent pas un seul jour. Le 24 juin, une femme a été tuée lors d’une attaque russe à Toretsk. La situation reste la même dans l’oblast de Kherson. Le 10 juin, les forces russes ont attaqué une maison dans la ville de Kherson, blessant une femme de 102 ans.
- Le 25 juin, l’Ukraine a réussi à faire revenir quatre-vingt-dix soldats ukrainiens de la captivité russe. Le 28 juin, dix personnes ont été libérées de la captivité russe, dont l’activiste tatare de Crimée Nariman Dzhelial.
Artisans de la culture morts à la guerre
En juin, quatre personnalités culturelles ukrainiennes ont péri en défendant l’Ukraine sur la ligne de front.
- Le 7 juin, l’artiste, musicien, styliste et militaire Artur Snitkus a été tué dans l’oblast de Donetsk. Snitkus avait servi dans l’armée avant même l’invasion à grande échelle, et il combattait sur la ligne de front depuis l’automne 2023.
- Le 11 juin, la mort de la militaire, styliste et costumière Shura Riazantseva a été signalée. Riazantseva portait l’indicatif « Yalta » parce qu’elle était née en Crimée et qu’elle souhaitait ardemment participer à sa libération de l’occupation russe. Dans la vie civile, Mme Riazantseva a travaillé comme styliste et costumière pour des chaînes de télévision ukrainiennes et des équipes de célébrités ukrainiennes. Depuis le début de l’invasion à grande échelle, elle s’est enrôlée dans les forces de défense territoriale et a récemment rejoint une nouvelle unité des troupes d’assaut aérien de l’Ukraine.
- Le 24 juin, on apprend que le chorégraphe, danseur et soldat Anton Smetskyi est mort au front. Dans la vie civile, Smetsky travaillait avec de célèbres artistes ukrainiens. Peu avant le début de la guerre, il s’est porté volontaire et est devenu sapeur. À l’automne 2023, Smetskyi est blessé par une mine, ce qui entraîne l’amputation d’une jambe et la rééducation qui s’ensuit. Malgré cela, il a choisi de retourner au front.
En novembre, PEN Ukraine et les médias ukrainiens ont lancé « People of Culture Taken Away By The War », un projet sur les personnalités culturelles tuées pendant la guerre russo-ukrainienne. Il s’agit d’une série de portraits issus de l’étude des réalisations de ces personnes, de conversations avec leurs proches et leurs collègues, et de voyages à travers l’Ukraine.
Le projet est régulièrement mis à jour avec de nouvelles histoires, que vous pouvez lire ici.
Victoria Amelina
Le 27 juin 2023, les troupes russes ont lancé une attaque de missiles sur une pizzeria à Kramatorsk. Environ 80 personnes, dont des visiteurs et des employés, se trouvaient dans le bâtiment à ce moment-là.
Parmi elles se trouvait l’écrivaine Victoria Amelina, membre du PEN et chercheuse sur les crimes de guerre, qui accompagnait une délégation d’écrivains et de journalistes de Colombie.
Treize personnes, dont quatre enfants, ont été tuées dans l’attentat. Victoria Amelina a été grièvement blessée et est décédée dans un hôpital de Dnipro le 1er juillet.
En avril 2024, l’homme qui a aidé la Russie à cibler un tir de missile sur une pizzeria à Kramatorsk a été emprisonné à vie.
Le dernier livre de Victoria Amelina, War & Justice Diary : Looking at Women Looking at War, est en cours de préparation pour publication. Il devrait être publié au printemps 2025 par Macmillan Publishers St. Martin’s Press.
Les crimes russes contre les médias
Depuis le début de la guerre, la Russie a tué 82 journalistes ukrainiens et étrangers et commis 602 crimes contre des journalistes et des médias en Ukraine. Au moins 34 journalistes ont été blessés.
Le 10 juin, l’artiste photographe et photographe des forces armées ukrainiennes Arsen Fedosenko a été tué dans l’oblast de Kharkiv. Depuis 2010, il avait participé à des projets photographiques culturels et artistiques en coopération avec la Philharmonie nationale d’Ukraine et l’ambassade d’Italie. Il est devenu photographe au sein des forces armées ukrainiennes au tout début de l’invasion russe.
Le mémorial en ligne Requiem de PEN recueille les récits de journalistes décédés à la suite de l’agression russe. La mission du projet est de dire la vérité sur les travailleurs des médias qui ont sacrifié leur vie pour préserver et montrer au monde le vrai visage de l’agresseur.
En solidarité avec l’Ukraine
En juin, des personnalités culturelles et des défenseurs des droits de l’homme argentins sont arrivés en Ukraine. La délégation comprenait un journaliste et rédacteur en chef adjoint d’Escenario Mundial,Alejo José Sanchez Piccat, fondateur et directeur de Politólogos al Whisky ; la poétesse et écrivaine María Rosa Lojo; l’écrivaine, journaliste et rédactrice en chef Hinde Pomeraniec; le défenseur des droits de l’homme, professeur de droit international et doyen adjoint de la faculté de droit de l’université d’Australie Ignacio de Casas; et le journaliste James Gatica Matheson. Au cours de leur visite, les invités ont exploré la culture et l’histoire de l’Ukraine, rencontré des journalistes ukrainiens et des militants des droits de l’homme, visité les zones libérées des oblasts de Kiev et de Tchernihiv, et participé en tant qu’orateurs à des événements publics à l’espace PEN Ukraine.
Dans les mois à venir, nous attendons des délégations d’auteurs du Brésil et du Nigeria.
A partager
- Sasha Dovzhyk « Victoria Amelina : How the light gets in » (Les Ukrainiens) ;
- Serhii Plokhii sur le contexte historique de la guerre russo-ukrainienne (UkraineWorld) ;
- L’auteur ukrainien devenu soldat Oleksandr Mykhed : « Ce n’est pas la guerre de Poutine. Il s‘agit d’une guerre menée par l’ensemble de la nation russe » (The Guardian) ;
- Guerre en Ukraine : une vague de livres pour donner de l’espoir aux enfants traumatisés (The Conversation) ;
- Tout le monde dit que la culture n’a rien à voir là-dedans. C’est le cas » – l’écrivain ukrainien Volodymyr Rafeyenko à propos de la guerre en Russie (The Kyiv Independent) ;
- 10 auteurs qui façonnent la littérature ukrainienne contemporaine (The Kyiv Independent) ;
- Saints » : le photographe Sasha Maslov documente l’abnégation en Ukraine pendant la guerre (The Kyiv Independent) ;
- Pourquoi l’Ukraine est le véritable descendant de la Rus (Ukrainer) ;
- Anne et Laurent Champs-Massart. « Retour à Yahidne. Les fantômes d’un bouclier humain« (Desk Russsie).
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