Monsieur le Ministre,
Vous connaissez comme nous la situation biélorusse. Elle est de jour en jour plus inquiétante. Après avoir volé l’élection présidentielle, le président Loukachenko a fait arrêter, torturer et juger des centaines d’opposants, des citoyens décidés à empêcher leur pays de plonger dans une dictature obscurantiste. Les journalistes sont muselés, chassés de leur entreprise de presse et les rares médias d’opposition qui tentaient de s’exprimer librement sont réduits à la fermeture et à la cessation de toute publication. Comme vous le savez, notre organisation sœur, le Pen de Biélorussie, a été dissoute et nos amis – qui depuis longtemps militent pour la liberté d’expression de par le monde – sont pourchassés, emprisonnés et même torturés d’après ce que des témoignages de grande crédibilité nous rapportent. Inutile de vous rappeler que le pouvoir dans ce pays justifie même le tir à vue sur des opposants.
Un climat de peur s’est installé au point que certains intellectuels et pas seulement eux –- sont tentés par le suicide ; nos informateurs nous font part de situations dramatiques : je fus en juin, à Bled, en Slovénie, et les envoyées clandestines du Pen biélorusse m’ont abreuvé de récits insupportables concernant la folie répressive du régime de Loukachenko.
Aussi nous vous demandons de faire largement connaître votre opposition à la politique d’un dictateur qui terrorise son peuple : la Biélorussie n’a pas intérêt à dépendre totalement de la Russie et elle a besoin du soutien des groupes industriels français qui, à l’instar de Michelin, y ont créé des usines. D’autres puissances, comme les États-Unis ou le reste de l’Europe, peuvent emprunter le même biais. Vous pourriez inciter les entreprises françaises à faire pression sur le satrape biélorusse et entraîner du même coup nos alliés européens et américains en affichant plus nettement encore leur refus de cautionner un régime abject et haï par la majorité de son peuple Enfin il faut déclencher une initiative internationale visant à la préservation de tous les citoyens de Biélorussie en menaçant le dictateur de Minsk de tomber bientôt sous les coups d’un tribunal pénal international
Notre Pen Club français, qui célèbre cette année son centenaire, engage toutes ses forces aux côtés de ceux qui subissent les crimes commis en Biélorussie.
Croyez, Monsieur le Ministre à toute l’attention de notre association d’écrivains qui guettent les signes d’une plus grande détermination de votre part. Nous comptons sur le solidaire et efficace message que vous êtes à même d’adresser au nom des Droits de l’homme, message que le monde attend de la France.
Antoine Spire
Président du Pen Club français
Sa publication dans ActuaLitté :
ActuaLitté nous informe ensuite que l’union des écrivains biélorusses est également menacée :
Réponse de M. LE DRIAN en date du 9 septembre 2021 :