Le Maroc intensifie la répression contre les auteurs, journalistes et intellectuels qui ont un regard critique sur la monarchie marocaine.
Le dernier en date est l’historien et défenseur des droits humains Maâti Monjib franco-marocain qui vient d’être condamné lors d’une audience à Rabat à un an de prison ferme pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État ». Il s’agit d’un verdict d’une affaire qui remonte à 2015 dont ni Maati Monjib interpellé fin décembre ni ses avocats n’ont été prévenus.
Ses défenseurs ont pris connaissance du verdict sur un site du ministère de la Justice accessible aux avocats. Ce jugement qui a eu lieu mercredi 27 janvier concerne aussi six autres journalistes et militants des droits humains marocains.
Maâti Monji, 60 ans est un historien critique du régime et de la monarchie marocaine, spécialiste de la décennie 1955-1965 qui correspond à la mise en place du régime marocain après la décolonisation. Il montre et explique dans ses recherches la construction du régime politique actuellement du pouvoir au Maroc. Visiblement l’indépendance académique de ce chercheur ne convient pas à la politique officielle du royaume marocain en matière d’histoire. Il est, cette année, Professeur invité à l’Université de Tour pour une série de conférence.
Outre ses activités de chercheur, il est à l’origine en 2007 du centre Ibn Rochd qui fut un lieu de rencontre pour un rapprochement pacifique entre Islamistes et laïques, qui a été fermé par les autorités en 2015. Il est de plus un des membres fondateurs de l’Association Marocaine pour le Journalisme d’Investigation (AMJI) qui a lancé un réseau de journalistes d’investigation sur 13 villes du Maroc ; association elle aussi interdite en 2015.
Cette mesure arbitraire fait suite à des harcèlements de tous ordres depuis 2014 : surveillance continuelle, écoutes téléphoniques, espionnage téléphonique, conférences et activités diverses interdites, fermeture du centre Ibn Rochd, interdiction de voyager à l’extérieur, tentative de le radier de son poste d’enseignant, menace de saisie de ses biens, menaces sur sa famille, encore plus grave des menaces de mort en 2015 suite à un article publié dans Orient XXI et campagnes de diffamation… tous les moyens sont bons pour le faire taire !
Le Pen Club français apporte son soutien à Maati Mojib et condamne sans équivoque ces violations évidentes des droits humains par le Maroc. Il demande la libération immédiate de Maâti Monjib et de ses collègues ainsi que l’abandon des poursuites à leur encontre.
Publié par ActuaLitté en février 2021