Antoine SPIRE ouvre cette conférence de presse par le texte suivant :
Pinar Selek est écrivaine chercheuse et universitaire à Nice-Sophia-Antipolis ; elle a déjà été acquittée à 4 reprises par la justice turque, suite à une grossière accusation d’attentat. Elle fait l’objet d’un acharnement judiciaire manifeste et comme de nombreux et nombreuses militant.es démocrates. Pinar Selek paie le prix d’une chasse aux sorcières orchestrée par le régime turc. Pinar Selek est une militante du Pen club ; depuis des dizaines d’années, elle lutte pour la liberté d’expression.
La cour pénale de Turquie doit le 31mars, après demain, statuer sur le sort de la sociologue et défénseuse des droits humains franco-turque, réfugiée en France depuis 2011. Exilée, résidant en France, elle a pourtant été harcelée par la dictature turque depuis plus de 11ans.
Un mot sur elle : elle a consacré sa vie à la lutte contre toutes les formes de violence et de domination et aujourd’hui elle est menacée d’une condamnationà la prison à perpétuité.Pinar Selek s’est engagée au sein du Pen et du mouvement antimilitariste et pour l’objection de conscience au service militaire en Turquie dès son émergence au tournant des années 90. Dans son travail de sociologue, internationalement reconnu, comme dans son militantisme elle n’a cessé de formuler une critique virulente de la violence armée.
En 1996 Pinar a réalisé une recherche de sociologie sur le mouvement armé turc. Sa recherche visait à saisir les mécanismes de la violence armée mais incluait une critique fondamentale du silence opposé à tous ceux qui la contestaient .
Elle a a écrit en Turquie plusieurs livres sur les stratégies à déployer pour assurer la paix ; accompagnant son travail créatif,elle a contribué à organiser de grands rassemblements de femmes pour la paix. Amie et camarade de lutte de Hrant Dink , ce journaliste arménien engagé, que le Pen club avait défendu , celui qu’on appelait le « gandhi arménien », assassiné en 2007, mais aussi de militants kurdes, elle est évidemment accusée de « terrorisme' », accusation banale en Turquie, pour disqualifier toutes les oppositions au dictateur Erdogan.
Ce que le régime islamiste ne peut pas accepter c’est qu’une chercheuse de renom international s’affirme curieuse de la question kurde et dise la vérité sur le sort des kurdes en Turquie . En défendant cette minorité opprimée , Pinar Selek , fait coincider son travail universitaire et son engagement universaliste.
En 1998 elle est emprisonnée puis torturée par les autorités qui veulent lui faire avouer les noms des personnes kurdes dont elle a recueilli les témoignages pour cette recherche. Pinar refuse de parler et est incarcérée pendant deux ans. On l’accuse alors d’avoir perpétré un attentat terroriste. Cette accusation était créée de toutes pièces ; tous les rapports d’expertise officielle ont prouvé qu’il s’agissait de l’explosion accidentelle d’une bonbonne de gaz. C’est cette accusation qui sert de prétexte à la persécution qu’elle subit depuis près de 25 ans. Acquittée à quatre reprises déjà, elle est sous le coup des procédures d’appel de l’Etat turc qui veut faire annuler ces acquittements. Une nouvelle audience aura lieu après demain devant le tribunal criminel d’Istanbul.
La Turquie a lancé également début janvier 2023 un mandat d’arrêt international à son encontre.Ardente militante féministe des droits humains, elle est de longue date engagée pour les droits fondamentaux en France et à l’échelle de l’Europe.
Militante du Pen club,c’est elle qui a impulsé la grande rencontre de « Toutes aux frontières » réunie en juin 2021 à Nice où furent rassemblés des milliers de militant.e.s pour dénoncer une Europe forteresse. Ce mouvement s’est poursuivi par la pétition européenne « feministasylum » présentée devant le Parlement Européen le 18 mai dernier.
Effaré par la peine prononcée à l’encontre de Pinar Selek, le Pen club affirme son soutien et sa solidarité à son amie Pinar.
C’est pourquoi, nous demandons solennellement au Gouvernement français qu’il exprime sans détour son soutien ferme et entier à Pinar Selek, qu’il s’engage à la protéger et qu’il proteste officiellement auprès des autorités turques contre cette décision inacceptable. Le Pen club s’associe à l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme et à la Ligue Des droits de l’Homme pour appeler « les autorités turques à annuler immédiatement et sans condition la condamnation à perpétuité qui menace Pinar Selek ».
Antoine Spire , président du Pen club français
Extraits de la Conférence de presse (également relayés sur le site de Pinar SELEK) :
Soutien du philosophe Etienne Balibar :
https://www.youtube.com/watch?v=jDNvOfKkDQc
Soutien de la députée Pascale Martin :
https://www.youtube.com/watch?v=VLJdhYQCqkA&t=2s
VOIR ci-dessous les deux articles publiés ensuite par France Arménie :