La répression des bahá’ís en Iran s’accentue : même les morts ne peuvent reposer en paix

Courant avril 2021, les bahá’ís de Téhéran se sont vu imposer deux choix impossibles pour leurs inhumations. Le premier, d’enterrer leurs morts au-dessus d’une fosse commune où reposeraient des centaines, voire des milliers de dépouilles enfouies à la va-vite après les exécutions sommaires des débuts de la révolution iranienne. Cette fosse hautement symbolique, située à Khavaran, au sud-est de Téhéran, abriterait aussi les dépouilles de 50 bahá’ís exécutés en raison de leur croyance, à la même époque. Le second choix consiste – on n’ose imaginer comment – à intercaler les nouvelles sépultures entre les tombes existantes des bahá’ís, à Khavaran, puisque tout autre lot leur est interdit. 

C’est en 1981 après la profanation et la destruction du cimetière bahá’í de Téhéran qui comptait 15000 tombes, que des parcelles ont été attribuées aux bahá’ís à Khavaran, dans le lieu-dit « repère du diable ». Les parcelles auraient suffi aux besoins des bahá’ís pour les prochaines décennies. Toutefois, le gouvernement n’a jamais permis aux bahá’ís d’acheter ces lots, dont les prix de location n’ont cessé de croître. Puis l’autorité de gestion du cimetière a interdit aux bahá’ís l’accès aux parcelles qui leur avaient été précédemment attribuées et les a invités à exploiter les lots déjà occupés, sinon d’enterrer leurs morts dans la fosse commune qui se trouve à proximité. D’où ce dilemme que les bahá’ís n’acceptent pas en raison de la dignité que tout mort mérite. 

Pour Amnesty international, « ces agissements s’inscrivent dans un contexte de violations des droits humains systématiques et généralisées contre des membres de la minorité baha’ie : arrestations et détentions arbitraires, fermetures de commerces, confiscations de biens, interdiction de travailler dans le secteur public, refus d’accès à l’enseignement supérieur et propos haineux dans les médias d’État, notamment. » Le Pen club de France tient à affirmer sa solidarité avec le peuple baha’i.

Selon Hamdam Nadafi, représentante du bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France : « On ne peut nier que presque tous les indicateurs concernant l’oppression des bahá’ís d’Iran soient aujourd’hui au rouge vif. Prenons l’exemple du sort des défunts. Entre 2005 et 2012, 42 cimetières bahá’ís ont été vandalisés ou détruits, souvent au bulldozer. En 2014, le cimetière de Shiraz où 950 bahá’ís étaient enterrés, a donné place à un complexe sportif. Ces derniers jours, dans la grande ville de Tabriz, au nord-ouest iranien, les salles de lavement des morts sont interdites aux bahá’ís. De source certaine, nous pouvons confirmer que plusieurs ont dû, dans leurs maisons, leurs salles de bain, laver leurs êtres chers, n’ayant plus accès aux services publics. » 

Pourquoi cet acharnement sur les morts ? Le respect des morts, l’inhumation et le rituel autour de la mort font partie des constantes et des universels de l’humanité. Donc, ne pas les respecter, est-ce que cela signifie que l’on dénie la qualité d’humain aux bahá’ís ?

Pour l’instant, après une vive réaction internationale, les autorités iraniennes, soufflant le chaud et le froid, ont permis l’inhumation de quelques bahá’ís dans les parcelles qui leur avaient été précédemment attribuées à Khavaran. 

Et Hamdam Nadafi de conclure : « Les bahá’ís constituent le groupe le plus important parmi les minorités religieuses non musulmanes en Iran, et n’aspirent qu’à pouvoir contribuer librement au développement de leur pays. Ils ne se tournent vers la communauté internationale qu’après avoir frappé à toutes les portes des autorités iraniennes, en interne. » 

Nous Pen club de France sommes à leurs côtés.