Débat organisé par le Pen club à l’Espace des Blancs manteaux, dans le cadre du Salon de la Revue, le 17 octobre 2021 :
Peut- on dissocier l’œuvre de l’auteur ?
Tel était le thème abordé par le Pen club français dans le cadre du dernier salon de la revue à Paris devant une trentaine d’auditeurs qui ont été intéressés et participatifs.
Pour en débattre étaient présents: Antoine Spire président du Pen club, Jean Philippe Domecq, président du comité de défense des écrivains opprimés, jean Le Boël secrétaire général adjoint de Pen Club, Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe ainsi que Sami Tchak, écrivain togolais.
Pour débuter le débat Antoine Spire a évoqué le cas de Louis Ferdinand Céline dont il faut dissocier l’œuvre purement littéraire des pamphlets ; il a poursuivi en parlant du cas de Woody Allen et de Roman Polanski toujours dans cette problématique de l’œuvre et de l’homme. Il a montré que le Pen club encourageait tout un chacun à lire les textes quelle que soit le jugement moral porté sur l’auteur. Ce qui nous importe a-t-il précisé c’est la qualité du texte et non les fautes morales imputées à son auteur
Jean Philippe Domecq a insisté sur l’importance du style en prenant l’exemple de Thomas Bernhard qui, lui, aborde cette question « par le haut » et non en entrant dans un univers pamphlétaire. La différence à cet égard est patente avec un autre styliste, Céline, qui, dès lors qu’il a commis l’erreur littéraire, après le Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit, de confondre son narrateur Bardamu avec lui-même auteur, a sorti ses « idées » sur le monde, lesquelles sont d’un violent borné. « L’exemple » célinien est malheureux pour la littérature française, qui aujourd’hui trouve moyen de valoriser un auteur aussi sinistrement idéologique et plat que Houellebecq.
L’une des personnes présentes dans la salle a émis l’idée que la réalisation d’un film était plus une œuvre collective que personnelle, donnant à penser qu’il s’agissait moins d’une création au sens fort et premier du terme.
En réaction à cette assertion les intervenants ont souligné quasi unanimement qu’un grand réalisateur déterminait l’identité du film, son fond et sa forme et qu’il était à l’égal de l’écrivain, créateur, responsable, et toujours, en quelque sorte, seul maître de sa création.
Les analyses de Sami Tchak, Jean Le Boël et Jean-Baptiste PARA ont conduit à affiner ces arguments faisant toujours valoir les nuances entre la vie personnelles et l’œuvre.